Des nuages foncés s'accumulent au dessus des hauteurs, puis le vent s'intensifie les nuages se déplacent au dessus de nous ; c'est le signe d'un grain, le temps de fermer les hublots, et de rentrer le linge et voici que la pluie s'abat, drue, grosse, crépitante, abondante.
Le bon marin est toujours attentif aux signes de la météo.
La pluie ne s'éternise pas mais remplit les seaux et les récupérateurs d'eau afin de nourrir les réservoirs et à terre de nourrir la végétation gourmande. La pluie est un bienfait.
C'est alors que la pluie a cessé, que le spectacle commence, à chaque averse le scénario est le même, désolant. C'est la danse du plastique accumulé dans les déversoirs, dans les caniveaux, n'importe où et qui poussé par le vent et la pluie vient s'accumuler dans les eaux du lagon. C'est tout d'abord quelques bouteilles, puis de plus en plus et bientôt tout ce qui peu ou prou arrive à flotter, les papiers, les sacs, les boites de jus de fruits, les couches culotte … tout cela est emporté par le courant et se dirige vers le récif pour entamer un voyage plus ou moins long dans le bel océan.
Les mains des hommes et des femmes ont fabriqué cette pollution et nul ne semble plus capable de l'arrêter ni de l'endiguer. Partout, sur toutes les plages, toutes les îles, toutes les côtes du monde entier le même fléau se répand.
Les plus courageux et aussi les plus désespérés collectent, trient, entassent, ramassent, récupèrent cette peste espérant un recyclage incertain. Trop de plastiques différents, trop de matières, trop de molécules incompatibles, trop de plastiques souillés, les solutions de recyclage sont quasi inopérantes.
Utopie de retrouver une planète non souillée, nos enfants n'ont pas connu les chemins de promenade, les lieux de picnic, les parcs et jardins, les plages, les sentiers de randonnée, les rivages sans papiers gras, sans déchets plastiques et vraisemblablement ne les connaîtront jamais.
Tant que nous laisseront les industriels fabriquer des contenants non recyclables, tant que les lois n'interdiront pas la mise sur le marché de ces produits, le monde sera envahi par cette merde.
Pourtant, les discours sont toujours les mêmes : culpabilisants, ce sont les utilisateurs les coupables, c'est à eux de faire attention, de trier, de consommer autrement, de s'astreindre à produire zéro déchets, de recycler, de trouver des solutions, de ramasser, de collecter, de nettoyer, etc... mais pendant ce temps les industriels continuent à se gaver, à produire toujours plus, à ne pas prendre à leur charge la fin de vie de leur produits. Ce sont eux qui sont à la base de toute cette pollution, les fabricants de sacs plastiques, de verres en plastique, de fourchettes, de cuillères, de pailles, de brosses à dents, d'emballages souvent inutiles de toutes sortes.
En attendant ce jour béni où les politiques prendront leurs responsabilités dans ce domaine, effectivement nous devons tenter chacun à notre niveau de faire un geste, aussi petit soit il, pour la planète.
R2