Skyppers, clients et plaisanciers sont victimes d’agressions répétées à Huahine.
Les plaisanciers en ont marre. Le week-end dernier, une nouvelle agression a eu lieu sur Huahine.
Des clients, résidents sur Tahiti, qui avaient opté pour un petit séjour dans les îles à bord d’un voilier, ont été pris à partie par un habitant de l’île lorsqu’ils ont mis leur bateau au mouillage.
Insultes, propos racistes, menaces, jets d’objets et agression physique sont devenus le quotidien des plaisanciers qui viennent mouiller sur l’île.
Une société de charter, qui a déjà déposé plusieurs plaintes explique que ce phénomène s’amplifie de manière inquiétante sur Huahine.
« Le week-end dernier, ce sont nos clients qui ont été agressés. Il y a trois semaines, un voileux qui avait pris son annexe pour aller faire quelques courses sur l’île, s’est fait massacrer son zodiaque à coup de cutter par un type en jet-ski venu exprès du quai jusqu’au bateau pour vandaliser l’embarcation. Il y a un mois, c’est un septuagénaire qui s’est fait casser la figure. En février, c’est ma skippeuse qui s’est faite agresser verbalement, puis physiquement, devant ses clients, par un habitant qui ne voulait pas qu’elle prenne de l’eau… À force de ne rien faire, il va y avoir un vrai drame, c’est sûr », explique le gérant.
Quelques individus
Selon nos informations ces agressions répétées à Huahine seraient l’œuvre de quelques individus, dont un, bien connu de tous.
« Quand la skipper a déposé plainte à la gendarmerie après son agression, les gendarmes qui avaient retrouvé l’assaillant et l’avait menotté pour l’entendre, l’ont relâché alors même que la skipper était encore en train de raconter les faits. Et c’est la même personne qui a saboté le zodiaque. Sur Huahine tout le monde sait qui sait, les autorités aussi, mais on laisse faire. C’est normal de se faire taper dessus, de se faire casser son matériel ? ».
D’autres compagnies de charter touristique, contactées à ce sujet, relèvent également une intensification du phénomène, mais toutes préfèrent garder l’anonymat par peur de représailles plus intenses.
Des skippers malmenés
Le dirigeant de la compagnie Charter Maui, qui lui a totalement arrêté son activité, explique que ce phénomène de « voilier bashing » a aussi fait partie des raisons qui l’ont poussé à stopper son activité.
« À Huahine, nous n’avons pas rencontré de problèmes particuliers mais c’est vrai que sur Raiatea et Bora Bora surtout, des skippers ont été malmenés », raconte-t-il.
Selon le président de l’association des voiliers de Polynésie, le phénomène de « voilier bashing » ne date pas d’hier.
« Depuis plus de trois ans, un phénomène anti voilier s’est amplifié en Polynésie. Les insultes et les menaces sont légions. Bien que la Polynésie reste un pays extrêmement accueillant, il est vrai que dans certaines îles, et notamment aux îles Sous-le-Vent, les tensions entre population et plaisanciers prennent une direction inquiétante. Selon moi, ces tensions sont dues à la politique laxiste du gouvernement qui véhicule un double langage. »
Du côté de la mairie de Huahine, on explique ne pas avoir été informé d’une agression le week-end dernier.
« Je n’ai reçu aucun rapport de la police municipale à propos d’un incident qui ce serait déroulé ce week-end », explique Nelson Tepa, le directeur général des services.
« Si des personnes ont été agressées, elles doivent porter plainte à la gendarmerie et si la gendarmerie ne donne pas suite, alors il faut qu’ils aillent voir les mutoi, pour que nous puissions agir. »
Une réponse qui fait rire jaune les professionnels concernés car selon eux, « les mutoi sont au courant ». « Ce sont eux-mêmes qui nous disent qu’ils ne peuvent rien faire, que cela ne les concerne pas, qu’il faut voir les gendarmes… ».