L’Association des voiliers de Polynésie compte obtenir une réunion avec le ministre Bouissou pour discuter des solutions de redéploiement des voiliers de Outumaoro.
Quelle solution de repli réaliste et viable pour les propriétaires de voiliers de la zone de Outumaoro ? Mardi dernier, le gouvernement annonçait, lors d’une réunion avec le public concerné, que les voiliers du mouillage de Outumaoro devront partir prochainement.
Un arrêté réglementant le mouillage a en effet été préparé. “Nous sommes amenés à reconsidérer l’occupation lagonaire”, a alors indiqué le ministre de l’Aménagement du territoire, Jean-Christophe Bouissou.
Trop de voiliers à l’ancre, besoin de dégager la zone en prévision du projet de Village tahitien… L’Association des voiliers en Polynésie (AVP) a pris note. Mais si elle saluait dimanche, par communiqué, la “volonté de dialogue” du gouvernement, qui a pris la peine d’inviter le public concerné à une réunion d’information, elle s’interroge aussi sur ce que sera l’après, pour les voiliers concernés.
Car le déficit de zones de mouillage ou places de ponton est une réalité depuis des années au fenua. Dans son communiqué, l’AVP fait remarquer que la zone de mouillage de Outumaoro est occupée par des usagers aux profils “très divers” qui supposent des solutions diverses aussi. Certains y sont pour des durées courtes, quelques jours ou semaines, pour des raisons techniques et pratiques.
Selon l’association, “cet usage devrait être préservé et sécurisé par des corps morts pour des voiliers de passage”. Dans la zone, se trouvent également des voiliers occupés par des familles. Des résidents flottants, en quelque sorte, avec des parents qui travaillent et des enfants scolarisés. D’autres sont en attente de trouver “une meilleure solution”, préférant obtenir une place à un ponton que de rester à l’ancre à l’année.
Étudier chaque cas
L’AVP propose donc une étude au cas par cas afin de “faciliter la relocalisation des voiliers au mieux des situations”. Lors de la réunion, la semaine passée, le ministre a dit que 60 % des voiliers concernés devraient pouvoir trouver une autre place que celle occupée jusqu’alors à Outumaoro. Et les autres ?, s’interroge l’association. “Il doit être possible de proposer une surface similaire autour de l’agglomération urbaine de Papeete, où tous les voiliers de Outumaoro trouveront une place, bien que moins pratique. La Polynésie n’a pas encore pris toute la mesure de l’affluence qu’a créée l’exonération des droits et taxes à l’importation portée à 36 mois et a pris un retard sur les infrastructures que nécessitent l’ambition de développer une filière touristique de la plaisance.”
L’association compte obtenir une réunion avec le ministre. Elle alerte par ailleurs le gouvernement sur la nécessité de faire participer la population de Tahiti et de îles à l’intégration des voiliers et du tourisme nautique. Allusion non dissimulée à la stigmatisation à laquelle font face bon nombre de propriétaires de voiliers.
Dans les faits, les gens qui ont renoncé à un mode de vie traditionnel à terre au profit d’une vie sur l’eau (sur un voilier) ont pleine conscience de la fragilité de l’environnement et limitent au maximum leur impact sur ce dernier. Cette volonté a trouvé sa traduction dans l’élaborationd’une charte de conduite du plaisancier en Polynésie, à l’initiative de l’association.
Charte de bonne conduite du plaisancier : ce qu’elle dit
Cette charte a été crée par l’AVP et a pour but de définir des règles de bonne conduite pour les voiliers qui naviguent en Polynésie afin de les informer sur les pratiques et réglementations locales, d’améliorer leur image auprès des résidents “terriens”. Elle est réservée exclusivement aux membres de l’AVP.
En adhérant à cette charte, on s’engage “à avoir une attitude éco-responsable, à respecter la terre et sa population, les réglementations et usages en vigueur, et à protéger la faune et la flore de Polynésie”.
On s’engage aussi, notamment, à ne faire aucun rejet polluant en mer, à faire le tri sélectif, à respecter faune et flore en ne jetant l’ancre que sur des fonds de sable. “J’ancre à une distance raisonnable des habitations en respectant la quiétude des lieux”, précise aussi la charte.
Par : Yan Roy, la Dépêche de Tahiti