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Il devient urgent que le gouvernement réagisse et lance des signes positifs vers la plaisance.
Il devient urgent que le gouvernement réagisse et lance des signes positifs vers la plaisance.
Le Vice-président de la Polynésie française a présenté au Conseil des ministres une restriction du régime d’admission temporaire des navires de plaisance étrangers stationnant en Polynésie française. Le séjour autorisé est raccourci d’un an, passant désormais à 24 mois au lieu de 36.
Dans le cadre de la stratégie de développement du tourisme 2015-2020, le gouvernement avait mis en place en 2018 le dispositif dit de la « Route des 36 mois ». Ce dispositif d’admission temporaire permet aux plaisanciers d’origine étrangère de naviguer dans les eaux polynésiennes en exonération totale de tous droits et taxes, et ceci pour une durée maximale de trois ans, renouvelable sans limite.
Il est cependant constaté que ce dispositif, détourné de sa vocation initiale par certains plaisanciers, engendre aujourd’hui de nombreux effets néfastes. En effet, la présence permanente de certains de ces navires sur les différents lagons génère de multiples plaintes, issues de riverains, de touristes ou d’entreprises locales, tant elle détériore la beauté naturelle des paysages polynésiens.
Afin d’encadrer de façon plus appropriée le régime d’admission de ces navires étrangers, il a donc été proposé au Conseil des ministres un ensemble de modifications qui, sans revenir sur le droit accordé aux navires étrangers de visiter les îles polynésiennes, permettent d’en restreindre certaines conditions.
Dorénavant, la durée maximale d’admission en exonération de droits et taxes sera de 24 mois, et ne sera renouvelable qu’après avoir passé une période de 6 mois minimum en dehors des eaux polynésiennes. Si les propriétaires des navires souhaitent prolonger leur séjour, ils pourront s’acquitter des droits et taxes afférents.
Le service des douanes est chargé de s’assurer du respect de la réglementation par l’ensemble des plaisanciers étrangers en voyage en Polynésie française. A ce titre, l’exercice sur le territoire d’une activité lucrative par des étrangers sous le régime de l’admission temporaire, est passible de poursuites.
« Le gouvernement semble avoir intégré le délit de sale gueule », se désole l’Association des voiliers de Polynésie
« Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le tourisme. Le gouvernement semble avoir intégré le délit de sale gueule », dit Arnaud Jordan, le président de l’Association des voiliers de Polynésie, qui reconnaît cependant que le « charter au black, pour alimenter la caisse de bord » est bien l’un des « effets néfastes » mentionné au conseil des ministres. Mais il s’inquiète surtout de savoir à partir de quand seront décomptés les deux ans, et où les plaisanciers en fin de séjour vont pouvoir aller, alors que de nombreux pays ont fermé leurs frontières pour cause de covid-19. La Nouvelle-Zélande par exemple, l’une des escales incontournables pour les navigateurs dans le Pacifique, est fermée et pourrait le rester jusqu’au début 2021.
Tahiti, le 30 juin 2020 - Un communiqué conjoint du cluster maritime de Polynésie française et du syndicat des activités nautiques Tai Moana défend le travail mené au fenua pour la réglementation et la structuration des secteurs de la plaisance et du nautisme. "Les secteurs de plaisance et du nautisme n'y sont pas en danger, mais se structurent"
Dans un communiqué conjoint diffusé en fin de semaine dernière, le cluster maritime et le syndicat des activités nautiques de Polynésie française tente de rassurer sur la situation du nautisme et de la plaisance en Polynésie française, suite aux "plaintes exprimées par certains plaisanciers ou clients du charter". Dernières doléances en date : celles, fin mai, de l’association des voiliers de Polynésie. Elle avait alerté sur le "mauvais accueil" réservé par les riverains de certaines îles aux plaisanciers coincés sur place pendant la crise du coronavirus, suite aux restrictions de la circulation maritime entre les îles de Polynésie.
Ce secteur de l’économie bleue génère annuellement près de 1,5 milliard de francs de chiffre d’affaires. Entre 600 et 800 navires de plaisance jettent l’ancre au fenua chaque année. Un travail est en cours pour "accueillir toujours mieux les usagers locaux et internationaux [des] lagons", rappelle ce communiqué conjoint diffusé jeudi dernier. "Le mouillage temporaire y est toujours autorisé. L’objectif aujourd’hui est de définir et structurer des espaces de mouillage de plus longue durée sur dans les zones à flux important."
Un arrêté gouvernemental vient de mettre à jour, le 2 juin dernier, une précédente réglementation datant de 1987. Ce texte précise les zones de mouillage et le cadre de leur utilisation à l’usage des plaisanciers dans les lagons de Faa’a et de Punaauia. Sept zones de mouillage sont par ailleurs établies dans le lagon de Bora Bora depuis fin 2018. Un travail préparatoire pour définir de tels espaces maritimes se poursuit à Huahine, Taha’a, Raiatea et à Tahiti, à Teva i Uta et Taiarapu-Ouest, pour permettre "aux plaisanciers d’y stationner en toute légalité et en toute sécurité".
En outre, une loi du Pays visant à donner pouvoir de verbalisation aux agents de la Direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM) en projet est actuellement transmise pour avis au ministère des Outremers à Paris.
Au-delà de ces aménagements réglementaires, "notre syndicat souhaite que les aménagements nautiques puissent se multiplier, dans toute la Polynésie, et notamment dans ces îles à fort flux", assure le communiqué en évoquant l’installation de corps morts écologiques, la création de nouvelles marinas, la multiplication des services aux navires. "Certains ont été réalisés, d’autres le seront dans les prochaines années. Il nous semble important d’encourager la création de micro-services aux yachts dans les autres îles, afin de limiter le temps de séjour de ces bateaux sur Tahiti."
En somme, assurent le cluster maritime et le syndicat des activités nautiques Tai Moana à la faveur de cette mise au point, en Polynésie française "les secteurs de plaisance et du nautisme [ne] sont pas en danger, mais se structurent".
L’archipel polynésien, de par sa situation dans le Pacifique sud, sa tradition d’accueil et ses lagons sublimes, a toujours été une escale incontournable pour les circumnavigateurs. Pour certains plaisanciers, mouiller à Bora-Bora était peut-être même le moment le plus fort du voyage – une émotion, un objectif qui justifiaient à eux seuls de grand départ…
Mais voilà, depuis quelques années, les mouillages sont devenus de plus en plus réglementés. L’ambiance est parfois même devenue délétère, les plaisanciers étant régulièrement accusés de polluer les sites. Depuis mars dernier, la crise sanitaire a clairement attisé ce rejet des marins, cette fois suspectés d’être porteurs du virus. L’Association des Voiliers en Polynésie tente d’alerter les plaisanciers comme les médias sur l’absence de cadre juridique concernant les interdictions de mouillage qui fleurissent sur l’archipel. Et constate que les autorités locales ont bien prévu des zones de corps-morts… qui ne sont pas équipées. Espérons que Tahiti redevienne rapidement une exceptionnelle terre d’accueil et d’escale. Et que ses sites et ses habitants soient respectés, bien évidemment.
Par Emmanuel van Deth - multicoques-mag
La crise sanitaire a augmenté la tension autour des voiliers amarrés dans les lagons des îles et de Tahiti. D'un côté, la grogne des riverains et des utilisateurs du lagon, et de l'autre des adeptes de la plaisance qui se posent la question de l'avenir de leur activité dans un tel climat.
La COVID-19 a eu des conséquences dans à peu près tous les domaines. Elle a aussi augmenté la tension autour des voiliers amarrés dans les lagons des îles et de Tahiti. Au-delà de la grogne des riverains et des utilisateurs du lagon, il ya les autorités qui tentent de répondre à ce mécontentement, et les adeptes de la plaisance, résidents ou navigateurs de passage qui se posent la question de l'avenir de leur activité dans un tel climat...
Chaque année, 500 à 800 voiliers pénètrent dans l'espace maritime polynésien au bout d'une longue traversée où les pièces ont souvent souffert. Des réparations sont indispensables. "Le souci majeur est qu'un bateau a besoin d'entretien, quand les gens ont traversé le Pacifique et qu'ils arrivent aux Marquises, ils ont besoin d'entretien. Là, en l'occurence, ces bateaux ont été déroutés sur Tahiti donc les bateaux se trouvent coller à Tahiti en attendant des pièces qui n'arrivent pas puisqu'il n'y a pas de fret", explique Eric Pinel-Peschardiere, sécrétaire association des voiliers en Polynésie.
Pour les navigateurs, les difficultés d'amarrage sont croissantes. Les marina sont pleines et honéreuses. "Si on dit que tous les bateaux doivent rester dans les marina, on tue la plaisance, ce n'est pas intéressant", confie Jordan Arnaud président association des voiliers en Polynésie. Du côté des affaires maritimes, on parle d'occupation du domaine publique et on affirme que la réglementation a besoin d'être précisée après un flou qui a longtemps persisté. "Il est interdit de mouiller partout sauf là où c'est autorisé, il y a des zones définies (...) Mais c'est vrai qu'avec l'afflux de bateaux hors crise, il faut repenser l'ogranisation de l'espace et réguler", explique Cathy Rocheteau, chef de service de la direction polynésienne des affaires maritimes (DPAM).
Le conseil des ministres détaille les mesures de relance du tourisme nautique et la création d'un fichier de la plaisance
À l’annonce de la pandémie mondiale déclarée officiellement le 11 mars dernier, le haut-commissaire de la République en Polynésie française a pris des mesures concernant la navigation maritime et notamment des mesures d’interdiction de la navigation ainsi que des restrictions pour le déplacement des personnes par voie maritime. Ces mesures ont eu pour effet l’arrêt immédiat et brutal des activités professionnelles du tourisme nautique.
Le déconfinement est entré en vigueur le 21 mai dernier. La levée des interdictions ne concerne que la navigation dans les eaux polynésiennes. La circulation maritime internationale reste interdite. Toute sortie des eaux polynésiennes doit faire l’objet d’une demande dérogatoire. Ce document de sortie sera exigé par le pays d’accueil.
Toute nouvelle entrée dans les eaux de la Polynésie française doit faire de même l’objet d’une demande spécifique de dérogation d’escale, limitée à Papeete, Nuku Hiva, ou Rikitea. Elle ne sera accordée que pour les navires de plaisance en situation de nécessité technique ou d’approvisionnement ou assistance médicale et ce en application des engagements internationaux.
Dans cette situation, il sera appliqué les mesures sanitaires suivantes :
Le déconfinement annoncé à compter du 21 mai dernier, n’autorise la relance du tourisme nautique que pour les sociétés basées en Polynésie, comme pour les plaisanciers déjà présents en Polynésie, pour des déplacements uniquement à l’intérieur des archipels de Polynésie française. À ce stade, les perspectives du tourisme nautique ne sont envisageables qu’avec une commercialisation sur le marché local, et à condition de respecter les modalités suivantes :
Le gouvernement insiste sur le fait que la relance économique doit s’appuyer sur toutes les niches potentielles de ressources pour la population. Aucune dépense, des navigateurs, des plaisanciers ou des touristes locaux, lors de leur périple maritime, ne doit être négligée ou sous-estimée dans ce contexte de reprise économique progressive et longue.
Pour aider à lutter contre la diffusion de fausses informations qui viseraient à stigmatiser les plaisanciers en particulier, un fichier a été élaboré. Il est destiné aux maires, aux capitaineries, au Port de Papeete, et à tout référent concerné. Il recense l’ensemble des navires de plaisances, ou professionnels déjà enregistrés dans les eaux polynésiennes et recensés depuis le début de cette crise. Ce ficher a pour objectif de sécuriser la reprise de la navigation de plaisance, en s’assurant qu’un navire venant mouiller près d’une île est déjà présent dans les eaux polynésiennes depuis le confinement, et qu’il n’est pas un voilier entré récemment ou clandestinement et en violation des déclarations obligatoires.
Ce suivi de l’ensemble des navires de plaisance est mis en place et géré par la DPAM, et peut constituer la base de référence permettant d’identifier les navires déjà présents en Polynésie française. Cette base de données est mise en ligne sur le site de la DPAM et librement consultable (nom du navire, pavillon, immatriculation, nombre de personnes à bord, date d’arrivée en Polynésie). Elle est mise à jour quotidiennement et amendée en fonction de demandes de professionnels non encore inscrits ou de demandes spécifiques et ce après vérification. Elle pourra aussi être amendée des informations provenant des polices municipales. À cet effet, le gouvernement invite les maires à recouper et, au besoin, à compléter les informations contenues sur cette liste en appelant directement la DPAM.
Rapidement, elle pourra être une référence pour les autorités de police et de contrôle tout en garantissant une information fiable sur la circulation des navires déjà présents dans les eaux polynésiennes. Cette gestion des navires de plaisance se poursuivra, au moins jusqu’à ce que la navigation maritime soit de nouveau autorisée et intégralement rétablie entre l’extérieur des frontières maritimes et les îles de Polynésie française.
La plupart des voiliers sont un exemple écologique
- Tous les voiliers qui se trouvent sur le territoire ont traversé les océans à la voile et continuent à le faire en Polynésie (Zéro émission de gaz à effet de serre, le même qui est généré par les avions et cargos qui sera à l’origine de la disparition des atolls du Pacifique avec la montée des eaux)
- Ils produisent leur propre énergie uniquement avec le soleil et le vent.
- Ils produisent leur propre eau douce grâce à un système embarqué de désalinisation.
- Ils limitent leur production de déchets au maximum (pour un problème de stockage et parce qu’ils n’ont pas accès au système terriens de traitement ou dépotoirs.
La plupart des plaisanciers participent largement au nettoyage du lagon au travers d’actions personnelles (photos de ramassage des déchets terrestres flottants par les enfants bateaux : annexe 3) ou collective : organisation des clean-up days en coordination avec des associations.
Mouillage de l’aéroport :
Seule zone de mouillage disponible pour tous les voiliers à qui on a demandé de quitter les Marquises pour se rendre sur Papeete. Toutes les marinas de Tahiti étant saturées.
- Une compagnie de charter locale y entrepose également ses bateaux (jusqu’à ¼ des bateaux présents sur le mouillage) -
La plupart des plaisanciers qui occupent actuellement ce mouillage sont des touristes en transit en attente de pouvoir quitter la Polynésie pour une autre destination du Pacifique (Dont toutes les frontières sont pour l’heure toujours fermées).
Ces bateaux n’ont donc pas vocation à s’installer sur ce mouillage, ils le quitteront dès qu’il leur sera possible de naviguer à nouveau. Il faudra rappeler à l’ordre les 2 ou 3 voiliers qui auraient l’intention de s’y installer à l’année.
Pour l'heure aucune nouvelle réglementation n'est venu modifier l'occupation de cette zone malgré les indications de M. Bouissou lors de la réunion avec les plaisanciers en 2019.
Problème des épaves :
L’Association ne cesse de dénoncer et d’alerter les pouvoirs publics sur ce problème. Il faut que le pays légifère pour pouvoir intervenir sur les bateaux qui sont abandonnés afin qu’ils soient extraient de l’eau et déconstruit avant qu’il devienne une épave.
Plus de 1 400 épaves de voitures ont été récupérées ces dernières années sur la voie publique pour être compactées et envoyées en Nouvelle Zélande. C’est probablement plus de 5 000 épaves qui doivent encore être disséminées partout sur le territoire. Pourquoi le territoire n’est aujourd’hui pas capable de légiférer également pour se débarrasser des épaves de bateaux ?
Réalité sur les retombées économiques de la plaisance en Polynésie :
L’Association des Voiliers en Polynésie a effectué ces derniers jours grâce à son réseau, une étude auprès de plus de 350 plaisanciers afin de déterminer clairement les chiffres de ce que cette forme de tourisme (la seule présente probablement en 2020 sur le territoire) apportait à l’économie du Fenua.
Nous publierons prochainement en détail cette étude jamais réalisée en Polynésie à ce niveau.
Quelques chiffres essentiels à retenir issus de cette étude :
- 72% des plaisanciers actuellement sur le territoire sont de passage et seuls 65% d’entre eux resteront moins d’un an en Polynésie.
Ce qu’il faut comprendre c’est que ces 72% représente un flux touristique donc pas vocation à s’installer en Polynésie.
- En grande majorité, ils vont visiter les 5 archipels (Ils vont dépenser partout en Polynésie, même sur des îles non développées par le tourisme traditionnel).
- Les marinas ne sont qu’un stop, souvent obligé plus ou moins long pour les plaisanciers : 75% d’entre eux dépensent chacun entre 200 000 francs et 1 million par an en marina en Polynésie, mais ils n’ont pas vocation à rester dans une marina puisqu’ils sont pour les ¾ uniquement de passage.
Dépense moyenne d’un plaisancier pendant son séjour en Polynésie :
Dépenses dans l’entretien annuel du bateau : 584 000 xpf/an
Dépenses dans la main d’oeuvre locale (prestataires techniques) : 371 000 xpf/an
Dépenses en place de marina et Corps-morts : 277 000 xpf/an
Dépense moyenne d’un plaisancier pour son quotidien en Polynésie :
Dépenses dans la nourriture/téléphone/internet/essence/… : 171 000 xpf/mois
Dépenses dans les loisirs : prestataires touristiques (activités/location voiture/restaurants/… : 92 000 xpf/mois
Dépenses dans l’artisanat et les vendeurs ambulants : 26 500 xpf/mois
Ce que dépense leur famille et amis étrangers qui viennent les visiter pendant chaque séjour à bord : 275 000 xpf
En conclusion, il apparaît que la plaisance en Polynésie est une ressource essentielle à la Polynésie.
Les plaisanciers sont et seront probablement cette année les seuls touristes que la Polynésie sur lesquels elle peut compter.
La stigmatisation incessante de cette communauté et la médiatisation effectuée autour d’elle est en train de cristalliser un rejet de la population que les plaisanciers reçoivent de façon violente et insupportable.
Cette situation est en train d’entacher gravement l’image de la Polynésie sur les réseaux et cela va définitivement mettre un frein considérable au redémarrage du tourisme.
Les plaisanciers sont une catégorie de touristes dont la Polynésie n’a pas le luxe de se passer aujourd’hui face à la crise profonde qui l’attend.
Il nous apparaît donc évident qu’il en va de la responsabilité de tous de rétablir les vérités afin de réduire cette stigmatisation dommageable à l’ensemble de la Polynésie".