Pierre Tahiatohiupoko habitant de la vallée de Hakahetau :
Pierre Tahiatohiupoko habitant de la vallée de Hakahetau :
Durant le confinement, une gestion spécifique des navires de plaisance arrivant en Polynésie a été mise en place.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale pour le coronavirus et la pandémie a été annoncée officiellement le 11 mars dernier. Ce même jour, le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française a pris un arrêté interdisant, en particulier, la navigation dans les eaux territoriales de la Polynésie française des paquebots et autres navires à passagers de plus de 24 mètres. Le 21 mars dernier, le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française complétait le dispositif en prenant un arrêté réglementant les activités maritimes et littorales en Polynésie française.
Pour rappel, ce dernier arrêté interdisait notamment à tous les navires de transporter des passagers, sauf motifs strictement nécessaires, tels que trajets entre le domicile et les lieux d’activité professionnelle, déplacement pour motifs de santé ou déplacement pour motif familial impérieux. Il interdisait de même à tout navire de plaisance de naviguer dans les eaux territoriales ; dans les eaux intérieures et territoriales, avec interdiction pour ces mêmes navires de faire escale, de mouiller ou de stationner, ou de débarquer des personnes en mer.
Pour les navires de plaisance actuellement en navigation vers la Polynésie française, une escale sur dérogation était possible, sur une zone dédiée et une durée fixée, après demande circonstanciée évaluée conjointement par le chef du service d’Etat des affaires maritimes et la directrice de la direction polynésienne des Affaires maritimes (DPAM). Cette procédure a nécessité la rédaction d’une fiche de demande de dérogation, en langues française et anglaise. Un fichier de suivi de l’ensemble des navires de plaisance a été mis en place et géré par la DPAM, permettant, île par île ou en navigation, de suivre l’ensemble des navires de plaisance répertoriés mouillant en Polynésie française, en cours de navigation vers celle-ci ou quittant le Pays, pour des destinations étrangères.
Outre Papeete, les escales qui ont accueilli le plus de navires sont les principaux points d’entrée pour les navires de plaisance provenant de Panama, des Galapagos ou du Chili, à savoir : Nuku Hiva : 132 navires ; Hiva Oa : 57 navires ;Les îles Gambier : 35 navires.
Plus de 300 dérogations ont été accordées entre le 21 mars et le 29 avril pour les navires arrivant en Polynésie française ou devant venir sur Papeete pour y rester le temps du confinement, décharger des équipiers devant reprendre un avion à l’international ou pour des raisons de santé.
Lorsque c’était possible, il était demandé, dans le cadre de ces déplacements dérogatoires, aux navires de plaisance de venir directement sur Papeete, mais nombreux furent les navires qui, après 30 à 40 jours de mer, nécessitaient une escale technique aux îles Marquises ou aux îles Gambier, notamment pour se reposer, se réapprovisionner en nourriture ou gasoil, ou pour faire quelques réparations indispensables.
Les durées d’escale imposées dans les dérogations étaient courtes, en moyenne 2 à 10 jours environ, afin de laisser de la place dans les baies abritées pour l’arrivée de nouveaux navires. À Papeete, et en relation avec le Port Autonome, les navires étaient dirigés vers les marina de Papeete ou la marina Taina, ainsi que sur la zone de mouillage en face de l’aéroport de Faa’a spécialement prévue pour ces navires de plaisance.
Dans le cadre de ces dérogations, aucune escale n’était autorisée entre l’escale initiale aux Marquises et aux Gambier et l’escale à Tahiti. Dans l’ensemble les navires ont bien accepté ces contraintes, imposées pour limiter la dispersion de la maladie Covid-19, à l’exception de 3 à 4 navires qui ont eu alors la visite de la gendarmerie maritime à leur arrivée. Une fois à Papeete, le navire ne pouvait pas repartir, sauf dérogation et uniquement pour quitter les eaux polynésiennes sans faire escale dans une autre ile de Polynésie française.
Cette gestion des navires de plaisance va se poursuivre, au moins jusqu’à ce que la navigation maritime de plaisance soit de nouveau autorisée intégralement entre les îles de Polynésie française. L’expérience acquise lors de la gestion de cette crise sera probablement mise à profit pour pérenniser le système de suivi des navires de plaisance, modifier et adapter les textes règlementaires en vue d’améliorer le dialogue et la transmission des informations entre les services de l’Etat (SAEM, Douane, Gendarmerie) et ceux du pays (DPAM, Service du Tourisme).
Publié le 20/05/2020 à 16:43 - Mise à jour le 20/05/2020 à 16:47 - tntv.pf
Sur terre ou sur la mer, le tri est un réflexe pour les éco-citoyens. Dans le cadre de la semaine de réduction des déchets, nous nous sommes intéressés aux marins qui ont choisi de vivre à bord d’un voilier. Souvent pointés du doigt et accusés de polluer les lagons, ils se défendent : ces gens de la mer prônent un mode de vie écolo.
Un écolabel pour changer les idées reçues sur le mode de vie des gens de la mer : l’association des voiliers en Polynésie a mis en place une charte de bonne conduite. Un guide pour informer sur le tri des déchets, le traitement des eaux, l’entretien du navire ou encore le respect des accès. Il est destiné tant aux plaisanciers qui arrivent en Polynésie qu’à ceux déjà amarrés dans les marinas.
“Aujourd’hui, il y a une incompréhension du mode de vie et des besoins des plaisanciers. L’association est là pour ça, et elle développe cet écolabel pour créer une interface de communication entre les plaisanciers et les professionnels, ou les marinas, tous les gens qui interviennent et sont impactés par la plaisance” explique Éric Pinel, vice-président de l’association des Voiliers en Polynésie.
La vie à bord d’un voilier se veut en soi écolo. L’autonomie énergétique est produite grâce à des panneaux solaires et des éoliennes. La consommation en eau est aussi réduite. Les systèmes de désalinisation permettent de produire de l’eau douce. Point plus sensible : les eaux noires, celles des sanitaires à bord. La cuve de stockage est obligatoire pour les navires de plaisance disposant de toilettes et construits après 2008.
Les voiliers amarrés au ponton la vident ponctuellement car ils utilisent souvent les commodités des marinas. Ce sont les bateaux au mouillage qui sont plus souvent pointés du doigt. À la marina Taina, sur les 136 bateaux amarrés aux corps morts, seuls 26 sont habités.
Vivre sur un bateau, c’est aussi un changement de mode de consommation : réduire les emballages plastique, penser aux produits en vrac… Ce plaisancier opte par exemple pour des produits ménagers plus sains au quotidien : “Ce sont des recettes de grand-mère toutes simples. Pour la lessive, on utilise du savoir noir traditionnel. On fait nous-même notre lessive. C’est relativement simple” nous dit Éric Pinel.
Et comme sur terre, le tri des déchets est possible. À la marina Taina, pavillon bleu pour la septième année consécutive, des infrastructures sont mises à disposition des plaisanciers : borne à verres et à huiles, mais aussi les bacs verts et gris. Cependant, il y a encore des efforts à faire dans le tri malgré les nombreuses consignés affichées.
“On reconnait qu’il y a certains plaisanciers qui n’ont pas une attitude correcte” admet Éric. “Mais souvent, c’est par manque d’informations, donc cet écolabel et cette charte sont là pour ça.”
Le tri, c’est également le cheval de bataille de la direction du Yacht Club de Tahiti. On y développe avant tout l’apprentissage de la voile avec la jeune génération. Le site accueille seulement une quinzaine de résidents permanents. Là encore, les consignes ne manquent pas pour bien trier. “On a fait l’effort de présenter sur un tableau tout le tri sélectif sur la commune de Arue, pour savoir exactement comment cela se passe, avec le détail des ramassages des poubelles etc.” précise Jessee Besson, le directeur du Yacht Club.
Un espace poubelle est à disposition, mais il doit être rénové. Malgré cela, le Yacht Club remarque qu’une minorité ternit l’image des gens de la mer. La surveillance vidéo installée pour des raisons de sécurité a permis d’identifier des plaisanciers non inscrits au club en train de déposer en pleine nuit leur déchets sur le ponton. Et pour le tri des bidons d’huile, là aussi il y a des efforts à faire, déplore Jessee qui dénonce de mauvais comportements de certaines personnes.
À la marina de Papeete, seuls 4 voiliers sont habités en permanence. Le site accueille principalement des bateaux en transit. Pour les équipages étrangers soucieux de respecter l’environnement, la gestion des déchets une fois à terre est une problématique. La marina de la capitale n’est pas équipée de points d’apports volontaires. C’est aux marins de les trouver dans la ville.
Quelle solution de repli réaliste et viable pour les propriétaires de voiliers de la zone de Outumaoro ? Mardi dernier, le gouvernement annonçait, lors d’une réunion avec le public concerné, que les voiliers du mouillage de Outumaoro devront partir prochainement.
Un arrêté réglementant le mouillage a en effet été préparé. “Nous sommes amenés à reconsidérer l’occupation lagonaire”, a alors indiqué le ministre de l’Aménagement du territoire, Jean-Christophe Bouissou.
Trop de voiliers à l’ancre, besoin de dégager la zone en prévision du projet de Village tahitien… L’Association des voiliers en Polynésie (AVP) a pris note. Mais si elle saluait dimanche, par communiqué, la “volonté de dialogue” du gouvernement, qui a pris la peine d’inviter le public concerné à une réunion d’information, elle s’interroge aussi sur ce que sera l’après, pour les voiliers concernés.
Car le déficit de zones de mouillage ou places de ponton est une réalité depuis des années au fenua. Dans son communiqué, l’AVP fait remarquer que la zone de mouillage de Outumaoro est occupée par des usagers aux profils “très divers” qui supposent des solutions diverses aussi. Certains y sont pour des durées courtes, quelques jours ou semaines, pour des raisons techniques et pratiques.
Selon l’association, “cet usage devrait être préservé et sécurisé par des corps morts pour des voiliers de passage”. Dans la zone, se trouvent également des voiliers occupés par des familles. Des résidents flottants, en quelque sorte, avec des parents qui travaillent et des enfants scolarisés. D’autres sont en attente de trouver “une meilleure solution”, préférant obtenir une place à un ponton que de rester à l’ancre à l’année.
L’AVP propose donc une étude au cas par cas afin de “faciliter la relocalisation des voiliers au mieux des situations”. Lors de la réunion, la semaine passée, le ministre a dit que 60 % des voiliers concernés devraient pouvoir trouver une autre place que celle occupée jusqu’alors à Outumaoro. Et les autres ?, s’interroge l’association. “Il doit être possible de proposer une surface similaire autour de l’agglomération urbaine de Papeete, où tous les voiliers de Outumaoro trouveront une place, bien que moins pratique. La Polynésie n’a pas encore pris toute la mesure de l’affluence qu’a créée l’exonération des droits et taxes à l’importation portée à 36 mois et a pris un retard sur les infrastructures que nécessitent l’ambition de développer une filière touristique de la plaisance.”
L’association compte obtenir une réunion avec le ministre. Elle alerte par ailleurs le gouvernement sur la nécessité de faire participer la population de Tahiti et de îles à l’intégration des voiliers et du tourisme nautique. Allusion non dissimulée à la stigmatisation à laquelle font face bon nombre de propriétaires de voiliers.
Dans les faits, les gens qui ont renoncé à un mode de vie traditionnel à terre au profit d’une vie sur l’eau (sur un voilier) ont pleine conscience de la fragilité de l’environnement et limitent au maximum leur impact sur ce dernier. Cette volonté a trouvé sa traduction dans l’élaborationd’une charte de conduite du plaisancier en Polynésie, à l’initiative de l’association.
Charte de bonne conduite du plaisancier : ce qu’elle dit
Cette charte a été crée par l’AVP et a pour but de définir des règles de bonne conduite pour les voiliers qui naviguent en Polynésie afin de les informer sur les pratiques et réglementations locales, d’améliorer leur image auprès des résidents “terriens”. Elle est réservée exclusivement aux membres de l’AVP.
En adhérant à cette charte, on s’engage “à avoir une attitude éco-responsable, à respecter la terre et sa population, les réglementations et usages en vigueur, et à protéger la faune et la flore de Polynésie”.
On s’engage aussi, notamment, à ne faire aucun rejet polluant en mer, à faire le tri sélectif, à respecter faune et flore en ne jetant l’ancre que sur des fonds de sable. “J’ancre à une distance raisonnable des habitations en respectant la quiétude des lieux”, précise aussi la charte.
Par : Yan Roy, la Dépêche de Tahiti
Voici l'article paru sous le titre Nautisme : indésirables voiliers à Moorea dans Tahiti Pacifique du 25 janvier. Vous pouvez le télécharger à cette adresse
https://www.tahiti-pacifique.com/Nautisme-indesirables-voiliers-a-Moorea_a1081.html
ou le lire ci-après.
Comme vous, je suis tout à fait peiné (et je mesure mes mots) à la lecture de cet article. Mais restons positifs. Nous passons pour des râleurs indisciplinés ? Et bien râlons, mais entre nous. Ne tendons pas les verges pour nous faire battre. Que cet article soit l'occasion que chacun s'exprime, en commentaire, sous l'article. Et c'est peut-être aussi le moment
Si vous parvenez à me lire, vous devez pouvoir commenter. Organisons le débat, nous irons porter cette parole légitime où l'on voudra bien l'entendre.
En réunion de crise le 25 janvier, le bureau de l'Association des Voiliers en Polynésie a débattu autour de l’attitude à tenir. Deux positions divergentes ressortent :
Nous convenons de ne pas réagir pour l’instant ; par contre, nous demanderons une nouvelle fois un rendez-vous avec le maire de Moorea (sans grand espoir, les précédentes demandes étant restées sans réponse)
Même débat autour de la diffusion de cet article. Là encore, deux positions divergentes :
La mise en ligne d’un article d’un journal payant encore en vente étant peu légale, nous convenons de le diffuser seulement à nos membres.
Vendredi 25 Janvier 2019 - écrit par Toatane Rurua
À l’approche de l’enquête publique pour le renouvellement du PGEM à Moorea, la municipalité a décidé, par souci de l’environnement et de la sécurité des usagers de la mer, de supprimer certaines zones de mouillage jugées "polluantes" ou présentant "des risques d’accident". De nouvelles zones ainsi que de nouvelles infrastructures seraient à l’étude pour mieux structurer l’accueil des voiliers. La zone de Tahiamanu, notamment, cristallise toutes les tensions, en attendant des solutions.
À Tahiamanu, il a été recensé sept bateaux dans lesquels vivent des résidents de l’île Sœur. Crédit photo : DR
Alors que le projet de révision du PGEM (Plan de gestion de l’espace maritime) sera bientôt soumis à une enquête publique à Moorea en vue d’une concertation avec la population et les institutions, l’inquiétude règne chez les plaisanciers. Et pour cause, lors d’un conseil municipal tenu à la fin de l’année dernière, la majorité des élus a décidé de supprimer certaines zones de mouillage très appréciées des voiliers et des touristes, notamment celle en face de la plage de Tahiamanu.
Et, pourtant, depuis le début des discussions entre les différentes parties (élus, représentants des voiliers…) dans le cadre de la révision du PGEM, les représentants des voiliers ont adopté d’emblée une position catégorique : il était hors de question d’exclure les plaisanciers de la zone "mythique et emblématique" de Tahiamanu. Ce site serait incontournable pour les plaisanciers, en particulier pour les touristes, au vu de la beauté du site et du paysage. Le ton était d’ailleurs rapidement monté, puisque des plaisanciers de l’île Sœur ont lancé, dès le début des négociations, une pétition contre la suppression de cette zone de mouillage, au mois de septembre 2017. Les esprits se sont finalement apaisés avec les élus, par la suite...
Mais alors que les discussions se poursuivaient, avec le soutien technique de l'Agence française pour la biodiversité, dans le cadre du projet RESCCUE (Restoration of Ecosystem Services and Adaptation to Climate Change, restauration des services éco-systémiques et adaptation au changement climatique), les élus de la majorité ont décidé d'adopter une décision ferme vis-à-vis des zones de mouillage à autoriser. Outre le site de Tahiamanu, d'autres zones de mouillage seraient également retirées : Papetoai (près des tiki submergés), Opunohu, Haapiti, Afareaitu (Maatea et Patae), de Teavaro (face à la vallée Maamaa).
Plaisanciers déterminés
Il reste toutefois à voir prochainement la réaction des représentants des plaisanciers. Est-ce que l'on n'assistera pas à un clash dans les jours à venir, entre la municipalité et eux ? Une chose est sûre, ces derniers seraient déterminés à faire entendre leur voix. Mais pourquoi tant d'intransigeance de la part du maire de Moorea, Evans Haumani, et de sa majorité vis-à-vis des voiliers ?
Le tàvana et son conseil municipal expriment tout simplement, face au nombre grandissant de voiliers, leur volonté de structurer l'accueil des plaisanciers et de remettre de l'ordre face à certains comportements nuisibles autour de l'île Sœur. Il y a une volonté claire de leur faire payer les services communaux habituels, tels que l'eau ou le ramassage des déchets, comme tout citoyen de l'île. Dans l'annexe de
EVANS HAUMANI, MAIRE DE MOOREA-MAIAO
"NOTRE VŒU EST QU'IL N'Y AIT PLUS DE VOILIERS À TAHIANIANU"
"Il y a un problème de sécurité sur la zone de mouillage de Tahiamanu. Les voiliers occupent le chenal, alors que celui-ci est utilisé par plusieurs prestataires. Ces derniers viennent vers la plage pour éviter ces voiliers, là où il y a justement plein de baigneurs. Il y a donc des risques d'accident. Tahiamanu est peut-être un site international, mais c'est une plage publique. On se préoccupe avant tout de la sécurité de la population. C'est notre priorité.
Je rappelle à tout le monde que la commune a été condamnée à verser 20 millions de Fcfp à la famille de la victime de l'accident de paddle, survenue en novembre 2011 à Haapiti. On a aussi été obligés de prendre, à un moment donné, un arrêté pour suspendre les activités de kitesurf dans certaines zones lagunaires de Moorea, à cause de quelques comportements dangereux. On a finalement trouvé un accord par la suite. Le vœu du conseil municipal est qu'il n'y ait plus de voiliers à Tahiamanu.
Il y a aussi des risques d'accident dans la baie d'Opunohu et celle de Paopao avec les voiliers. Ceux-ci gênent le passage des paquebots. On fait d'ailleurs souvent appel à la brigade nautique de la commune ou du service de l'équipement pour intervenir en cas de souci. Les riverains se plaignent également des rejets d'eaux sales des voiliers ou des poubelles qui sont amenées sur les bords de route.
On a un projet de création d'une marina flottante dans la baie de Paopao. La commune a aussi commencé a acheté des terrains à Paopao afin de construire les infrastructures d'accueil pour les plaisanciers, comme les toilettes, les sanitaires ou les buanderies. On étudie également à la possibilité de mettre en place de nouvelles zones de mouillage autour de l'île."
sa délibération n°93 /2018 du 13 septembre 2018, les élus, qui ont émis leur souhait de mettre en place une redevance/taxe, ainsi que de réduire le quota des mouillages, font justement le constat suivant : "Trop de voiliers et yachts sont présents sur le plan d'eau, sans aucune contrepartie financière versée à la commune, alors que ces derniers déposent leurs déchets à terre ou viennent se ravitailler en eau."
L'absence de ces services à la disposition des voiliers provoquerait quelques dérives, qui seraient très mal appréciés par certains riverains. "Ces voiliers (dans la Baie de Opunohu) sont là depuis des années. Au début, ils venaient jeter leurs déchets dans la poubelle du magasin, avant que le propriétaire ne s'en rende compte et retire ses poubelles. Par la suite, ils ont continué à jeter leurs sacs poubelles dans la mer. II y a toutes sortes de déchets dans leurs sacs, comme des boîtes de conserve", témoigne un pêcheur de Urufara. "Une fois, un plaisancier est venu déposer ses déchets sur des chaises dans ma cour et a utilisé mon eau. Je lui ai clairement fait comprendre qu'il ne devait pas recommencer. Je me demande s'ils utilisent désormais les poubelles ou l'eau des autres habitants", a déclaré Edmée Brosious, présidente de l'association Paruru ia Opunohu.
La pollution dans le lagon est également l'une des problématiques qui préoccupe les élus de l'île Soeur. Pour rappel, l'un des objectifs du PGEM de Moorea est le contrôle des pollutions et des dégradations du milieu marin. Or, à l'aube du renouvellement de ce PGEM, créé en 2004, on ne peut pas dire que les voiliers ont fait, jusqu'à présent, forte impression auprès des élus, ainsi que de la population, en matière de limitation de leur impact sur l'environnement. C'est ce que révèle notamment une enquête réalisée dans le cadre du projet Rescue auprès des riverains de la baie de Opunohu (Rapport "Gestion des mouillages à Opunohu/Moorea et aux Gambier"). Selon les résultats de cette enquête, "les plaisanciers souffrent dans l'ensemble d'une mauvaise image, les résidents considèrent que toutes les eaux usées (toilettes, vaisselle) partent à la mer sans traitement et polluent, avec un impact notable sur les poissons qui risquent d'être pêchés et sur les eaux de baignade. Ils considèrent également que les voiliers jettent leurs ancres sur les récifs et détruisent les coraux".
Certains riverains n'hésitent d'ailleurs pas à exprimer leur frustration. "Ces voiliers [à Urufara, dans baie de Opunohu] sont là depuis des années. Ils utilisent un seau d'eau pour récupérer les eaux des toilettes et les versent dans la mer. Ce qui est très mauvais pour les enfants puisque ces derniers se baignent juste à quelques mètres des voiliers. Je n'habite pas aux alentours de Tahiamanu, mais je suis certain que les voiliers font la même chose là-bas", témoigne encore le pêcheur de Urufara avant d'ajouter que " les mtito'i et les élus savent pertinemment ce qui se passe. C'est à eux d'aller les voir pour faire un rappel à l'ordre. Ça serait bien que ces voiliers soient déplacés vers des sites où ils auraient des infrastructures adéquates à leur disposition, comme les toilettes. Il y a par exemple le quai de Papetoe".
La cohabitation avec les prestataires de service pourrait être améliorée par un meilleur partage de la zone.
"Beaucoup de poissons tels que les ôrare, les ohopu ou les ha'urà ne viennent plus dans la baie de Opunohu, depuis quelques années. Cela en va de même pour les dauphins. ll y a aussi moins de ature. Nous sommes convaincus que cela est dû à la pollution causée par les voiliers et par les excursions de Jet-Ski. J'ai personnellement dit à tavana Evans que nous n'en voulons plus [les voiliers et les Jet-Skis] dans cette baie", insiste Edmée Brosious.
Outre l'impact environnemental sur le milieu marin, la gêne visuelle causée par les voiliers auprès de la population dans certaines zones de mouillage, telle Tahiamanu, inquiéterait également les élus de l'île Soeur.
Non-respect de la réglementation sur les ancrages
Mais s'il y a bien un point qui inquiète le plus le tàvana de Moorea et ses maires-adjoints dans la révision du PGEM, c'est bien celle de la sécurité de tous les usagers de la mer. Il y est écrit, par exemple, que la présence de voiliers dans la zone de Tahiamanu gêne le chenal. Ce qui augmente les risques d'accident et pose une question de sécurité, qui incombe au maire. La décision de supprimer cette zone ne s'est pas fait attendre d'autant qu'elle est l'une des zones les plus fréquentées par les prestataires touristiques (bateaux, pirogues à moteurs, Jet-Skis, etc.), les pêcheurs et la population. Cette zone lagunaire, en plus d'être bien située entre plusieurs hôtels et pensions de famille, représente une voie d'accès indispensable vers quelques sites touristiques incontournables (plongée sous-marine, shark-feeding, nourrissage de raies, tiki sous-marins ...) ou d'autres sites très appréciés de la population tels que les motu Tiahura et Faaone, à Haapiti. Toutes ces embarcations sont donc obligées de contourner à chaque fois les quelque 20 à 30 voiliers présents dans le chenal, pendant toute l'année. Outre la sécurité dans le chenal, celle des baigneurs qui viennent régulièrement se détendre à la plage de Tahiamanu, située à quelques mètres de la zone de mouillage et du chenal, préoccupe également les élus.
JULIEN GUILLET, TECHNICIEN À CREOCEAN, DANS LE CADRE DU PROJET RESCCUE
"ON A DÉTERMINÉ COMBIEN DE MOUILLAGES ON POUVAIT METTRE"
"Notre travail sur le site de Tahiamanu était de deux ordres : la protection contre l'érosion du sol de la plage et la mise en place d'une zone de mouillage organisée pour , les plaisanciers. L'aspect technique était de concevoir, la zone de mouillage, de dimensionner les ancrages. écologiques, la ligne de mouillage, les bouées et de mettre tout cela sur des plans. Il fallait savoir combien on pouvait mettre de bateau sur la zone en respectant les zones d'évitages, les longueurs de ligne de mouillage. Pour cela, on a fait une cartographie des fonds, on a été voir la nature des fonds, les épaisseurs des matériaux de fonds de sable pour savoir si on pouvait mettre des ancrages écologiques, en sachant qu'un tel ancrage écologique nécessite d'avoir deux à trois mètres de sable. Une fois qu'on a eu ces informations, on a pu déterminer combien on pouvait mettre de mouillages avec leurs caractéristiques, ainsi que le diamètre des chaînes, des bouées... Sur l'emplacement des mouillages, on a échangé au préalable avec les élus. De même, on a effectué des visites de terrain et des enquêtes auprès des riverains. Il y avait la problématique, avec ces derniers, de ne pas trop mettre de mouillages en face des lagons. ll y a aussi eu des échanges sur le terrain avec les élus et le représentant des plaisanciers. Cela a permis de circonscrire une zone qui convenait globalement à tout le monde. On a revu notre plan d'implantation des mouillages à plusieurs reprises, en tenant compte à chaque fois des contraintes des acteurs locaux. Ainsi, sur la zone de Tahiamanu, on avait fixé un premier nombre de mouillages. Celui-ci a été revu en fonction de l'implantation de la zone, qui a été déplacée en cours de route pour tenir compte des remarques, comme le problème de navigation dans le chenal et le passage des prestataires. C'est une problématique des décideurs publics qui, à un moment donné, doivent décider combien on en accepte. Les discussions se sont déroulées dans le cadre de la révision du PGEM. Ce qui se passe après est en dehors de notre cadre d'intervention."
Le risque d'accident créé par le nombre trop élevé de voiliers dans certaines zones de mouillage n'est en fait que la conséquence directe du non-respect de la réglementation du PGEM, de la part de certains plaisanciers depuis quelques années, au sujet du délai autorisé des ancrages. La réglementation en vigueur prévoit qu'un bateau peut rester ancrer 48 heures sur les fonds de sable. Passé ce délai, il doit être ancrée dans les zones prévues à cet effet, au maximum 7 jours consécutifs et 90 jours cumulés au cours de l'année". Force est de constater que cette règle n'est pas respectée par tous. Dans la zone de mouillage de Tahiamanu par exemple, cinq voiliers seraient restés sur place depuis quelques années, selon la brigade nautique de la municipalité. S'il n'est pas question de bannir la présence de plaisanciers à Moorea, alors même que ce tourisme tend à se développer, entre incivisme de certains plaisanciers et laxisme des autorités, il est temps de mettre un peu d'ordre.
Toatane Rurua
Stéphanie BETZ PRÉSIDENTE DE TAIMOANA (SYNDICAT DES ACTIVITÉS NAUTIQUES)
"COMME PARTOUT DANS LE MONDE, TU PAYES S'IL Y A UN SERVICE"
La présidente de Taimoana n'est pas à court d'idées pour améliorer la situation.
Plusieurs problématiques préoccupent actuellement les élus de Moorea, telles que les poubelles ou encore la pollution causée par les voiliers. Que leur répondez-vous ?
On entendait ces problématiques l'année dernière lors des réunions du PGEM avec le maire et les équipes de la commune. Il y avait un nombre trop élevés de voiliers à Tahiamanu, les poubelles, les histoires de pollution avec les eaux usées des voiliers, les toilettes, etc. On voudrait dire qu'on comprend lorsqu'il y a une problématique, mais il y a aussi des solutions. Par exemple, les bateaux peuvent avoir des "holding tank" (réservoir de stockage) pour les eaux usées, puis les vider quand ils s'en vont. Concernant les déchets, on a payé et installé des poubelles avec des autocollants à l'ancien hôtel Bali Hai (hôtel Aimeo Lodge) pour que les plaisanciers puissent aller mettre leurs déchets dans les poubelles sans se dire : "J'utilise la poubelle de quelqu'un d'autre ou personne n'a payé la redevance à la commune pour mes déchets." Nous attendons que les nouvelles zones de mouillage soient fixées par la commune avant de proposer de déposer de nouvelles poubelles. On leur demande en fait de nous prendre comme des sources de solution parce que la commune ne pourra pas tout gérer toute seule. Si on travaille avec tous les acteurs, on peut arriver à gérer et à réguler pour que cela soit le moins nuisible possible pour la population.
Les élus sont très préoccupés par les risques d'accident à Tahiamanu. Comprenez-vous leurs réactions ?
Effectivement, 40 bateaux sur le site de Tahiamanu, c'est trop. Du coup, les bateaux débordent un peu dans le chenal. Mais on a aussi fait des propositions par rapport à la problématique de la sécurité.
On pourrait avoir les baigneurs à la plage de Tahiamanu et placer les voiliers immobiles juste après, pour protéger ces baigneurs. Les speed boats passeraient ainsi par le chenal, sans traverser au milieu des voiliers. Les baigneurs pourraient dans ce cas faire tranquillement des activités nautiques sans avoir à craindre des engins à moteur. Si on limite le nombre de bateaux à Tahiamanu, il faut aussi donner à l'ensemble des utilisateurs la possibilité d'y aller. Si dix mouillages sont autorisés dans le PGEM à Tahiamanu, il faudrait avoir une durée limitée pour l'utilisation des corps-morts et un code couleur pour chaque type d'utilisateur. Ce qui permettrait à chacun d'avoir la possibilité d'y aller et de ne pas nuire au développement économique de l'île, des sociétés de charter ou de la plaisance en général. Il faudrait effectivement se dire qu'il y en a trop, qu'on doit réguler et qu'on doit réfléchir au nombre de mouillage supportable pour le site.
Pour quelle raison les plaisanciers veulent absolument garder le site de Tahiamanu comme zone de mouillage ?
C'est un peu comme quand tu vas à Paris, tu vas voir la Tour Eiffel. Quand les plaisanciers de l'étranger viennent à Moorea, ils viennent voir Tahiamanu. Avant de venir, ils ont déjà vu le site dans les livres ou dans les guides dans lesquels les gens racontent leur escale à Moorea. C'est un mouillage mythique et emblématique, un des plus beaux de la Polynésie française. La vue, le mouillage dans le sable, la montagne, la baie : c'est magique. Le site de Tahiamanu fait partie des escales que les plaisanciers-résidents, les plaisanciers internationaux ou les sociétés de charter veulent voir.
Ce site et celui près des tiki (tiki submergés du sculpteur Tihoti dans le lagon de Papetoai, ndlr) font partie des sites de mouillage incontournables de la Polynésie française. D'ailleurs, on aimerait qu'il y ait au moins deux à trois corps-morts au site des tiki dans le nouveau PGEM pour que les plaisanciers aient la possibilité d'y aller pendant le jour.
Pour Tahiamanu, c'est aussi une question de sécurité, une histoire d'ancre. Un plaisancier n'a pas assez de chaîne pour mouiller dans 20 mètres de profondeur. S'il y a 20 mètres de profondeur, tu dois mettre au moins 60 mètres de chaîne pour être sûr que ton bateau ne va pas partir lorsqu'il y a un coup de vent. Or les bateaux n'ont pas 60 mètres de chaîne, parce que c'est trop lourd. À Tahiamanu, il y a 5 mètres de profondeur alors que dans la baie, c'est profond. Si toutefois la commune décide de mettre des corps-morts dans la baie, il faut que ceux-ci soient entretenus, vérifiés. S'ils cassent, les plaisanciers pourraient avoir des problèmes avec leur bateau et on leur aurait fait payer, dans ce cas, la nuit au corps-mort pour rien.
Vous mettez souvent en avant l'argument de l'impact économique de la présence des plaisanciers à Moorea. Pourriez-vous nous donner quelques chiffres ?
Il y a deux sociétés de charter indépendantes basées à Moorea qui font 150 à 200 jours de charter par an, sachant qu'une journée de charter coûte en moyenne 100 000 francs. La société "Tahiti Voile et Lagon" fait 120 jours par an d'excursion pour le navire Paul Gauguin. La société "Poe Charter" fait en gros 60 jours de charter par an avec les paquebots. Après, il y a les loueurs indépendants qui font en moyenne 5 à 10 jours d'excursion par an. Au total, on estime que les sociétés de charter totalisent ensemble 400 journées d'excursion par an. Concernant le flux de la plaisance internationale, il y a 700 bateaux de l'étranger qui restent une dizaine de jours par an. Ce qui leur fait donc 7 000 nuits. Leurs zones de mouillage favori sont Opunohu et Tahiamanu. Après, il y a les rallyes, c'est-à-dire des voiliers qui naviguent en groupe. Il y a deux à trois rallyes par an dans lesquels 30 bateaux naviguent ensemble. C'est comme quand on organise l'événement "Tahiti-Moorea sailing rendez-vous", auquel participent 60 bateaux. Dans ce cas, il y a une organisation qui s'assure que les bateaux sont mouillés au bon endroit. La population est carrément impliquée dans cet événement, depuis quinze ans. La commune nous soutient aussi. Donc on ne peut pas dire que la commune ne veut pas des voiliers, parce qu'elle nous aide dans ce type d'activité.
Après, il y a les voiliers-résidents de la Polynésie française. L'AVP (Association des voiliers de Polynésie) a estimé que 30 à 40 bateaux viennent régulièrement passer un week-end à Moorea. Ceux-là utilisent et payent également plusieurs services, comme l'accrobranche (à Opunohu, ndir). Ils vont aux snacks, etc. L'AVP a aussi recensé sept bateaux à Tahiamanu dans lesquels vivent des résidents de l'île Sœur.
Les plaisanciers seraient-ils d'accord pour payer des taxes à Moorea ?
On est d'accord pour payer des taxes. Comme partout dans le monde, tu payes s'il y a un service. Ce n'est pas un problème. Mais l'idée, c'est plutôt de payer à chaque fois qu'on s'arrête. Peut-être qu'on pourrait payer une taxe de navigation quand on rentre en Polynésie française. Par exemple, un séjour de trois mois pourrait coûter 100 000 francs. On pourrait alimenter une caisse avec cet argent pour financer des infrastructures dans les sites les plus fréquentés. On en discute avec le Pays.
À Moorea, les sociétés de charter et les plaisanciers sont d'accord pour payer la nuitée au corps-mort, car ça se passe comme cela dans le monde. Mais c'est bien qu'il y ait un service associé, comme par exemple le wifi, les poubelles, le gardiennage des petits annexes ou la laverie. Il y a plein de petits services qui pourraient être développés par les habitants de Moorea. Il pourrait y avoir des micro-activités et un petit lieu d'interface terre-mer entre la population et les plaisanciers, dans lequel ces derniers pourraient trouver des services ou des informations au sujet de ce qu'il y a à faire à Moorea, comme les fêtes des paroisses ou les grands bals. Dans ce cas, il y aurait une interaction entre les plaisanciers et les habitants de l'île, non plus un mur. Les clients des sociétés de charter vont manger au restaurant ou vont faire un tour de l'île en 4x4. Les plaisanciers internationaux vont faire leurs courses pour s'acheter à manger ; il y a des retombées possibles pour la population.
Toutes les problématiques concernant les plaisanciers à Moorea ne datent pas d'hier. Comment se fait-il que cela a perduré ?
L'erreur des professionnels est de n'avoir rien fait. On voyait qu'il y avait de plus en plus de bateaux, mais personne ne s'est dit qu'il fallait structurer, organiser. Aujourd'hui, on ne veut donc pas que la commune se retrouve seule face à ce problème. On aime notre lagon. On n'a pas envie que les sites soient détériorés ou qu'il y ait trop de monde. Du coup, on ne pourrait plus en profiter. L'idée est de travailler ensemble : acteurs, professionnels, commune et comité PGEM. RI
Propos recueillis par Toatane Rurua
Si la Polynésie est un terrain de jeux formidable pour les plaisanciers confirmés ou amateurs, certains propriétaires de voiliers ne sont malheureusement pas toujours reconnaissants.
Pour preuve, la présence d’un trimaran qui gît entre deux eaux à quelques encablures des luxueux bungalows sur pilotis de l’InterContinental à Faa’a. Voilà une épave qui fait tâche sur la carte postale paradisiaque.
La cabine de ce trimaran est en partie immergée. L’eau de mer entre en permanence par les hublots de la coque centrale et le flotteur tribord a disparu sous l’eau.
Hormis l’apparent bon état du mat, penché à 45°, toutes les boiseries semblent imbibées et pourries. La bôme, à laquelle la grand-voile est encore accrochée, pique du nez dans le lagon.
Malgré les courants, le trimaran est heureusement toujours amarré à un corps-mort. Il reste hors du chenal et n’est donc pas un danger potentiel pour les embarcations qui circulent dans la zone, entre les bouées. Mais sur le plan environnemental, l’épave n’est pas sans risque.
À l’intérieur du voilier, il y a peut-être encore des batteries. Et s’il y a un moteur, il y a donc potentiellement aussi du carburant et de l’huile.
Renseignements pris à la marina Taina, il semble que ce navire soit dans cette fâcheuse posture depuis plus d’un an.
On comprend mieux l’état de délabrement des matériaux. Le propriétaire, un notable de la place, ne serait pas disposé à agir pour régler la situation.
À jour de sa location du corps-mort et le bateau toujours assuré, l’indélicat marin aurait garanti que son bateau pourrait être remis à flot à tout moment. Les plaisanciers avertis savent bien que ce rafiot ne reprendra jamais plus la mer, pas plus qu’il ne sera utilisable au mouillage.
Afin d’éviter une pollution de la zone, alors que la marina détient le Pavillon bleu, il aurait été proposé au propriétaire l’aide de la capitainerie pour un remorquage jusqu’à une cale, afin que l’épave soit mise à sec, pour une éventuelle remise en état.
Averti de la situation, le Port autonome, l’autorité qui a le pouvoir de police dans la zone (de Taunoa à Tapuna), aurait mis en demeure le propriétaire pour “mise en danger pour l’environnement” (le commandant du port aurait l’assurance du propriétaire qu’il va remédier à la situation).
Il est difficile de croire que ce propriétaire, aussi amateur de plongée dit-on, ne se sente pas concerné par le risque de pollution que représente son bateau, voué à sombrer. Malheureusement, ce n’est pas le seul bateau dans cette situation.
J.-L.M.
La situation d’un voilier (le trimaran devant l’InterContinental) volontairement abandonné ne donne-t-elle pas une mauvaise l’image de la communauté des plaisanciers ?
Oui, évidemment, c’est une mauvaise image. Mais ce ne sont pas des gens qui font partie de notre association, qui a pour but de défendre la plaisance. Avec ce bateau, on ne prendra plus jamais de plaisir. De plus, il prend une place qui pourrait être allouée à quelqu’un qui navigue. Et c’est ce que notre association promeut, c’est cette capacité des gens à naviguer.
Ce n’est pas le seul cas de bateau abandonné à Tahiti ?
Il y a plein de bateaux qui flottent et qui sont abandonnés. C’est un problème pour les ports. Parce que ça prend des places. Ça s’appelle des bateaux poubelles ou des bateaux ventouses. Que le propriétaire paie ou pas, qu’il soit identifié ou pas, le problème est le même. C’est un bateau qui ne naviguera plus.
Alors pourquoi continuer de payer un emplacement et ne pas se débarrasser de ce bateau ?
Un propriétaire responsable doit envisager la fin de vie de son bateau. Ce n’est pas facile car c’est souvent une histoire d’amour. Mais que peut-on faire de ce bateau ? Il faudrait une filière pour se débarrasser des bateaux, car aujourd’hui la filière est informelle.
En voyant cela, les voiliers deviennent indésirables ?
L’association travaille à une image positive du plaisancier. Les bateaux qui ne bougent pas ne donnent pas cette image positive de la plaisance. Car la plaisance, c’est avoir un bateau en capacité de naviguer.
Faut-il accepter les bateaux-maisons ?
Personnellement, ce n’est pas comme cela que je conçois la plaisance qui est de pourvoir aller de mouillage en mouillage, librement. C’est parce que certains ont de mauvais comportements que la plaisance est mal perçue. Les bons comportements pour lesquels nous travaillons c’est de respecter le lagon, d’être en capacité de manœuvrer rapidement s’il le faut, d’avoir un bateau entretenu et, lorsqu’il est en fin de vie, d’envisager son démantèlement.
En attendant, les interdictions se multiplient, comme à Moorea ?
Interdire les bateaux de mouiller, comme sur le PGEM de Moorea, aboutirait à dire : vous avez un bateau pour rester dans une marina. Or, les voiliers ne sont pas faits pour rester dans les marinas mais pour voyager, aller de mouillage en mouillage, découvrir la région dans les limites de la réglementation. On a 48 heures pour les mouillages de sable. On veut conserver cette possibilité dans la limite de la loi.
Par : J Hunter La Dépêche de Tahiti